« Nous rêvions juste de liberté »
Henri Lœvenbruck
Flammarion 2015
Comment grandissent et survivent ceux que le système a rejetés, catalogués et découragés avant même d’avoir pu atteindre l’âge adulte ?
Une réaction, un mot, un jugement en entraînent vite un autre. Commence alors de chaque côté l’escalade vertigineuse vers la colère, l’incompréhension et la violence. Ce roman, sous forme de road-movie en bécane, retrace la quête d’une bande de jeunes nés dans un monde qui ne les a pas accueillis de la plus douce manière qui soit. Dans l’espoir d’exister et de réaliser leurs rêves, ils vont tenter, malgré les dérapages, de s’élever, de trouver une raison d’avancer, de faire naître une quête qui les unirait.
Par ce récit initiatique, l’auteur nous offre une plongée fascinante dans l’univers des MC, Club de Motards présents tout au long des Etats-Unis et de leurs codes d’honneur. Au fur et à mesure de la lecture, la rumeur des belles cylindrées gronde et enfle à nos oreilles et le vent se met à souffler dans nos cheveux…
Mais surtout, Henri Lœvenbruck nous propose ici l’odyssée épique d’un Ulysse écorché vif qui rêve de liberté, de respect, de loyauté, d’amour et d’amitié. Et qui, après avoir affronté mille tempêtes et errances, espère retrouver à Ithaque l’apaisement et l’amour de ceux que l’on ne peut oublier. Mais est-ce possible ?
Le style en apparence légèrement maladroit, façon « langage des rues », se révèle d’une grande force et nous emporte en crescendo vers la gigantesque claque inévitable.
Un roman dont on ressort avec un goût amer, une boule dans la gorge et le souffle coupé.
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